Dimanche 24 octobre 1943, milieu de matinée. Depuis huit heures environ de nombreuses formations survolent le secteur de Chazey-sur-Ain. Ces appareils proviennent du sud de la France et volent en direction du nord-est.
Une grande agitation règne dans le ciel de la Côte d’Azur. Le Sturzkampfgeschwader 101 (St.G 101 ; Stab et I. Gruppe) basé à Cuers et Saint Raphel depuis le mois de mars déménage pour la base de Metz-Frescaty, sa nouvelle affectation. Le décollage et le transfert des appareils, notamment des Junker 87 « Stukas », s’effectuent en bon ordre et par petits groupes. Ces vieux bombardiers en piqué proviennent des écoles de pilotage (« Stukaschulen ») et servent depuis quelques mois au sein du St.G 101 qui poursuit la formation.
Parmi les pilotes, l’Uffz August Gustav Hans Brehmer s’installe aux commandes du Ju 87 A-1 WkNr 004 (3./Schl.G 101) tandis que l’Ogfr. Robert Gaiser grimpe à bord du Ju 87 A-1 WkNr 045 (1./Schl.G 101). Tous deux doivent voler en formation avec un troisième appareil vers l’est de la France. La mission commence malgré le mauvais temps qui sévit ce matin dans tout le sud-est. Aux alentours de dix heures, alors qu’ils survolent l’espace andinois à basse altitude à cause d’un plafond peu élevé, deux avions s’accrochent.
Au sol, Jean Luttrin, cultivateur à Chazey-sur-Ain, observe la formation de 3 appareils. Il est aux champs et s’occupe de son bétail comme chaque jour et ce malgré la pluie. Il entend un bruit anormal et lève la tête : « [j’ai vu] deux des avions s’écarter l’un de l’autre tout en perdant de la hauteur …raser les Balmes avant de piquer du nez ».
Les deux Stukas tentent tant bien que mal de se poser en urgence mais heurtent violemment le sol. Le témoin s’affaire à donner l’alerte.
A 10h15 deux gendarmes présents à la caserne de la brigade de Lagnieu, Paul Goyard et François Chabert, sont informés par leurs collègues de Méximieux du crash de deux avions allemands sur le territoire de la commune de Chazey-sur-Ain. Après en avoir référé à leurs supérieurs et à la base aérienne d’Ambérieu, ils se rendent sur place lieudit « les Brotteaux ». Ils découvrent deux épaves distantes de 500 mètres ainsi que des débris éparpillés sur plusieurs dizaines de mètres et des traînées importantes laissées dans la terre labourée par leur passage, témoignant de la brutalité du choc. Ils relèvent les marques « NV n°4 » et « NV n°045 » sur ce qu’il reste de deux monomoteurs allemands. Quant aux pilotes l’un gît sans vie près de l’une des carcasses tandis que l’autre, d’après des gardes allemands dépêchés sur place, a été évacué en ambulance vers Lyon. C’est le boucher de la commune, Monsieur Voiturier qui, après s’être rendu sur le lieu de l’accident, est allé prévenir un certain Docteur Gosswiller. Ce dernier a prodigué les premiers soins au pilote blessé durant plus d’une heure.
L’Uffz. August Gustav Hans Brehmer décède et son avion est presque totalement détruit. L’autre appareil est quant à lui endommagé à 85% selon le rapport de la Luftwaffe ; son pilote, l’OGfr. Robert Gaiser bien que gravement blessé survivra.